Le mouvement perpétuel |
Une nouvelle de Siegfried Gautier (1992)
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Tiens ! Voilà linventeur du mouvement perpétuel !
Tiens ! Voilà linventeur du mouvement perpétuel !
Tiens ! Voilà linventeur du mouvement perpétuel !
Tiens ! Voilà linventeur du mouvement perpétuel !
Tiens ! Voilà linventeur du mouvement perpétuel !
Tiens ! Voilà linventeur du mouvement perpétuel !
Tiens ! Voilà linventeur du mouvement perpétuel !
Tiens ! Voilà linventeur du mouvement perpétuel !
Tiens ! Voilà linventeur du mouvement perpétuel !
Tiens ! Voilà linventeur du mouvement perpétuel !
Tiens ! Voilà linventeur du mouvement perpétuel !
Tiens ! Voilà linventeur du mouvement perpétuel !
Tiens ! Voilà linventeur du mouvement perpétuel !
Tiens ! Voilà linventeur du mouvement perpétuel !
Tiens ! Voilà linventeur du mouvement perpétuel !
Tiens ! Voilà linventeur du mouvement perpétuel !
Tiens ! Voilà linventeur du mouvement perpétuel !
Tiens ! Voilà linventeur du mouvement perpétuel !
Tiens ! Voilà linventeur du mouvement perpétuel !
Tiens ! Voilà linventeur du mouvement perpétuel !
Tiens ! Voilà linventeur du mouvement perpétuel !
Tiens ! Voilà linventeur du mouvement perpétuel !
Tiens ! Voilà linventeur du mouvement perpétuel !
Tiens ! Voilà linventeur du mouvement perpétuel !
Tiens ! Voilà linventeur du mouvement perpétuel !
Tiens ! Voilà linventeur du mouvement perpétuel !
Tiens ! Voilà linventeur du mouvement perpétuel !
Tiens ! Voilà linventeur du mouvement perpétuel !
Tiens ! Voilà linventeur du mouvement perpétuel !
Tiens ! Voilà linventeur du mouvement perpétuel !
Tiens ! Voilà linventeur du mouvement perpétuel !
Tiens ! Voilà linventeur du mouvement perpétuel !
Tiens ! Voilà linventeur du mouvement perpétuel !
Tiens ! Voilà linventeur du mouvement perpétuel !
Tiens ! Voilà linventeur du mouvement perpétuel !
Tiens ! Voilà linventeur du mouvement perpétuel !
Tiens ! Voilà linventeur du mouvement perpétuel !
Tiens ! Voilà linventeur du mouvement perpétuel !
Tiens ! Voilà linventeur du mouvement perpétuel !
Tiens ! Voilà linventeur du mouvement perpétuel !
Tiens ! Voilà linventeur du mouvement perpétuel !
Tiens ! Voilà linventeur du mouvement perpétuel !
Tiens ! Voilà linventeur du mouvement perpétuel !
Tiens ! Voilà linventeur du mouvement perpétuel !
Tiens ! Voilà linventeur du mouvement perpétuel !
Tiens ! Voilà linventeur du mouvement perpétuel !
Tiens ! Voilà linventeur du mouvement perpétuel !
Tiens ! Voilà linventeur du mouvement perpétuel !
Tiens ! Voilà linventeur du mouvement perpétuel !
Tiens ! Voilà linventeur du mouvement perpétuel !
Tiens ! Voilà linventeur du mouvement perpétuel !
Tiens ! Voilà linventeur du mouvement perpétuel !
Tiens ! Voilà linventeur du mouvement perpétuel !...
Message enregistré ?
Préambule un peu facile et presque monotone, me direz-vous ? Mais nécessaire. Et pas fatigant. Noircir du papier par le truchement dun traitement de texte est un véritable jeu denfant, par les temps qui courent. Oubliés les stylos qui bavent sur la feuille et sur les doigts, les ratures et les pâtés...
A-t-on moins de mérite ? Cest pourtant toujours le même gugusse qui sépanche la cervelle, sur écran comme sur papier. Et lorthographe ! Oui, adieu, les gros dictionnaires et les essorages de matière grise à propos dénigmes syntaxiques. Leur logiciel, là, il vous rectifie tout vite fait bien fait...
Bien sûr, il lui arrive fréquemment de commettre quelques menues gourances, comme par exemple confondre "thatchérisme" et "thanatopraxie", mais cest de bonne guerre, non ? Et puis le dernier mot revient quand même à qui vous savez. Mettons quil me vienne délibérément lenvie de taper "trschm", comme ça, pour voir. Terme tout à fait explicite et approprié, comme on le verra par la suite, mais qui a le don de plonger un ordinateur dans des abîmes de perplexité. Trschm, donc.
Absent du dictionnaire : trschm.
Remplacer par : trschm.
Suggestions : (pas de suggestion).
C.Q.F.D. On sen tiendra par conséquent aux strictes compétences de la machine, par exemple la duplication quasi-infinie dune même phrase :
Tiens ! Voilà linventeur du mouvement perpétuel !
Tiens ! Voilà linventeur du mouvement perpétuel !...
Je vous laisse imaginer la suite. Ça vous donnera une vague idée. Peut-être. Une vague idée de leffet que produisit sur moi cette phrase entendue quotidiennement pendant une dizaine dannées. Une vague idée de ce très léger agacement, au début, qui grossit, qui senfle, boursoufle, comme un gros abcès bien purulent, qui soigne bien tous ses beaux petits germes, patiemment, avec amour, et puis forcément, ça finit par exploser comme un trschm, toute cette infection, un gros trschm, oui, cest le bon mot.
Moi, jétais pas dune nature bien violente. Tout ce que je voulais, cétait quon me foute la paix, en somme. Et cela naurait été que justice, puisque je nemmerdais personne. Le truc que javais trouvé, pour être peinard, cétait de jouer au con. Dès quon me demandait mon avis, dès quon commençait à venir masticoter, me tâter les réactions, je faisais mine de rien piger, ou bien je répondais à côté de la plaque. Cétait radical. Obtus, que jétais, comme un angle ! Je me disais : quand les gens auront bien compris que je suis un crétin, inoffensif de surcroît, ils ne me poursuivront plus de leur petite amitié poisseuse, de leur compassion dégoûtante, de leur collaboration obscène, de leur solidarité égoïste, de leur vil esprit de compétition, de leur haine rancuneuse et de leur jalousie frénétique ; ils mignoreront. Oui, ignoré, je voulais être. Absent, ailleurs, loin deux.
Ça eût marché.
Si seulement ce type nétait pas venu simmiscer dans mon beau scénario.
Il ne lui suffisait pas, à lui, que je fusse un authentique demeuré. Il tenait absolument à me le montrer, ce que jétais pour lui, à me mettre le nez dedans, escomptant me faire souffrir de la prise de conscience de ma propre insignifiance et me transformer en imbécile malheureux, comme ça, juste histoire de faire mentir " beati pauperes spiritu ". Espèce dignare ! Connaît pas le latin. Ce quil navait pas compris, ce malfaisant, cest que je ne pouvais pas être susceptible, vu que cétait bien ça, linsignifiance, que jessayais datteindre. Je ne sais pas, peut-être que ça la traumatisé, quil a trouvé ça inacceptable. Les cons sublimes ne supportent pas les humbles, faut croire. Sans doute parce quon ne peut pas humilier ceux qui se complaisent dans de paisibles défaites. Le fait est que me pousser hors de mes retranchements devint vite pour lui un intéressant défi... quil sempressa de relever. Espérait-il se venger sur mon dos de sa propre médiocrité ?
Tiens ! Voilà linventeur du mouvement perpétuel !
Cest ainsi quil a commencé. Et quil sest acquis un public. Dautres qui avaient renoncé depuis longtemps à se rendre compte de ma présence ont dû trouver ça drôle. Ils se sont dès lors intéressé à mon cas et ne mont plus lâché. Je vous épargne les multiples vexations quils ont pu imaginer. Lesprit humain sest toujours montré inventif dans le domaine de la nuisance. Tous les gags, les tartes à la crème, les peaux de banane, les seaux deau, les coussins péteurs, les verres baveurs, les salières dévissées, les bonbons au piment, le poil à gratter... tous les gags, je vous dis, avec ou sans accessoires, tous les gags, jy ai eu droit. Et cétait à chaque fois, naturellement, lescalade dans la mesquinerie.
Je choisis, comme à mon habitude, de tout ignorer, de ne rien comprendre. Je men foutais pas mal de leurs odieusetés, à tous ces humains. Même la douleur car ils allèrent jusquaux sévices je pouvais lencaisser. Sil ny avait pas eu cette phrase :
Tiens ! Voilà linventeur du mouvement perpétuel !
Oui, le type, là, celui qui leur donnait lexemple à tous, sétait lancé dans le comique de répétition, qui a lavantage dêtre récurrent, si je puis me permettre ce truisme. A chaque fois quil me voyait, jy avais droit :
Tiens ! Voilà linventeur du mouvement perpétuel !
Au début, cétait rien de plus que toutes leurs autres dégueulasseries. Au début.
Je ne lai même pas senti venir, cet abcès qui gonflait en moi. Je ne lai même pas senti grandir. Cest quand il a été proche déclater seulement que je lai vu, là, accroché au myocarde, tout palpitant, à croire que mon cur depuis longtemps nétait déjà plus lui-même quune grosse pustule.
Trschm ! Oui, je dis bien trschm ! Ça a joliment pété.
Faut comprendre. Dix ans au moins quil saccrochait le machin immonde !
Pourquoi que ça ma fait cet effet-là, cette phrase débile ? Jen sais rien. Je passe pas ma vie à manalyser len-deça du Moi ou lau-delà du ça. Se disséquer les pulsions, cest bon pour les gens qui courent. Ils se cherchent de bonnes raisons. Ils ne voient pas quen courant pour fuir la mort, ils vont droit vers elle, tout droit, tout droit. Et tout le reste est littérature. Moi, jai jamais été doué pour la course. Et puis jai jamais eu envie de courir, non plus. Cest pour ça que jai adopté très tôt un rythme bien lent. Une fois quon est lancé, autant attendre tranquillement que ça retombe. Parce que ça retombe forcément. Pourquoi, dès lors, accélérer la chute ? Le Rien, le gros Rien bien grouillant, on la aussi bien derrière soi que devant soi. Poussière, tu redeviendras poussière, il paraît. Et cest bien ce que je lui ai dit, à ce type qui voulait absolument me faire courir avec lui. Concourir, je devrais dire. Ça me plaît bien, ce mot, concourir. Ça englobe vraiment la chose, dans le sens comme dans la forme. Con-courir : courir comme un con avec des cons.
Il était si pressé, lui, le cuistre, quil devait bien finir par sécraser contre quelque chose. Cest tombé sur moi. Juste à cause de cette phrase, je lai dit, toujours la même, cette sempiternelle histoire de mouvement perpétuel. Le Grand Cycle de la Vie, avec toutes ses majuscules : Ashes to Ashes. Ça part de rien pour arriver nulle part, et cest reparti pour un tour.
Ce sale type, un jour, il fallait bien que je le coinçasse, que je lécrabouillasse, comme une limace, dans sa crasse.
Je lai eu du premier coup, et je peux vous dire quil y a eu droit, à son mouvement perpétuel ! Et de manière expéditive !
Javais tout bien préparé, bien " minuté ", et je ne lai pas raté.
Il a fait trschm ! Complètement éparpillé, il était. Les flics sen sont donné du mal, pour retrouver les morceaux.
Moi, jétais bien content. Je me disais que tous les autres nuisibles, une fois leur Führer défuncté, allaient calmer leurs minables ardeurs et moublier, que jallais pouvoir retourner à ma belle et paisible insignifiance.
Le lendemain, quand je les ai tous eu devant moi, je lavoue, jai dû me forcer à ne rien laisser paraître, à ne pas avoir lair trop satisfait. Sagissait de pas éveiller de soupçons. Là où ça a cloché, et je ny comprends vraiment rien, cest que le type que javais trucidé était là, lui aussi, en un seul morceau, comme au premier jour, et pour un macchabée il se portait comme un charme.
Quand il ma vu, il a souri. Voilà. Quoi dautre ? Oui, oui, il la dit, bien sûr :
Tiens ! Voilà linventeur du mouvement perpétuel !
FIN
(à reprendre depuis le début)
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